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STEFANO CUSIN (SÉLECTIONNEUR COMORES) : « JE SUIS EXIGEANT, MAIS J’AI CONFIANCE EN MES JOUEURS. »

Stefano Cusin se confie sur sa gestion des Cœlacanthes. Arrivé à la tête des Cœlacanthes en octobre 2023 dans un contexte de crise de résultats marqué par une qualification pour la CAN 2023 manquée, le technicien avait alors pour mission de reconstruire le groupe et de redynamiser la sélection comorienne. Face à la presse locale, il a fait des confidences sur ses débuts, de la relation qu’il entretient avec ses joueurs, et des perspectives de l’équipe dans les qualifications pour la Coupe du Monde 2026.

 

Pouvez-vous nous décrire les circonstances de votre arrivée à la tête des Cœlacanthes ?

 

Stéfano Cusin : Disons que, quand il y’a changement d’entraîneur, c’est parce que les choses ne sont pas bien généralement. C’est un peu normal que le contexte ait été un peu difficile, la non qualification à la CAN avait eu des répercussions aussi bien dans le groupe qu’en dehors. On m’avait dit qu’il y’avait une partie des supporters qui étaient très déçus et qui ne suivaient plus l’équipe comme avant.Dans un premier temps, le challenge était justement de regarder tous les matches qui avaient été joués avant, bien comprendre le contexte de discuter avec pas mal de gens, bref, faire un état des lieux.

 

Comment avez-vous abordé les éliminatoires de la Coupe du Monde 2026 alors que vous veniez de prendre vos fonctions ?

 

S.C : L’avantage est qu’il y’avait un état d’esprit qui était remarquable. Cette équipe, je la suis depuis quelques années. J’avais eu l’occasion de l’avoir durant la CAN au Cameroun et j’étais frappé par cet esprit de solidarité entre les joueurs, quand on dit que c’est des frères, le mot n’est pas exagéré. Après chaque entraineur a ses idées pour gérer le groupe, à la fin ce sont les joueurs qui jouent les matches, mon travail c’est seulement les mettre dans les meilleures conditions. Bien que, contre la Centrafrique, le début était difficile, le publique a tout de suite réagit de façon positive à encourager les joueurs, rapidement on a égalisé puis en deuxième mi-temps, on a pris nettement l’avantage.

 

Quelle est la nature de la relation que vous entretenez avec vos joueurs ?

 

S.C : Disons que c’est une relation normale, cordiale dans le sens qu’il y’a du respect et on travaille ensemble, on a du plaisir à se retrouver. C’est vrai que je suis assez exigeant par rapport aux entraînements et aux matches mais, en dehors de ces contextes, ils savent aussi que j’ai confiance en eux, il n’y a pas de problème la dessus.

 

Comment parvenez vous à attirer autant de jeunes talents au sein de l’équipe nationale ?

 

S.C: Ça fait partie de ma mission, quand j’ai pris l’équipe nationale, plusieurs cadres avaient passé la trentaine et certains avaient arrêté, donc il fallait préparer la relève. La mission que m’avait confiée la fédération était donc la reconstruction d’une équipe qui puisse être compétitive pour les prochaines années. Moi j’ai travaillé dans les deux sens. D’un côté, appelé les jeunes sans les bruler non plus, les mettre petit à petit dans l’équipe, leur donner le temps de bien comprendre ce que l’entraineur veut. De l’autre, on ne peut pas non plus jouer qu’avec des jeunes, on a besoin aussi de joueurs expérimentés qui puissent les guider partager leurs expériences, c’est des joueurs qui ont plusieurs matches de ligue 1 et de ligue 2 dans les jambes.

 

Quels sont, selon vous, les secteurs de jeu où l’équipe a le plus progressé et ceux où elle doit encore s’améliorer ?

 

 

S.C : Construire une équipe, c’est comme construire une maison, il faut partir avec des bases solides. Pour moi, c’est important d’avoir une défense solide, un bon gardien. D’après les matches que j’avais vu avant que je vienne, le plus gros problème était l’attaque on ne marquait pas beaucoup de but, il fallait trouver de nouveaux profils des nouveaux joueurs. Les arrivées de Rafiki et Myziane ont beaucoup aidé. La recherche de bons joueurs est un travail qui ne finit jamais. Maintenant, je pense qu’on a besoin au milieu de terrain des profils qui puissent nous aider dans la récupération. Actuellement, c’est le secteur qui m’intéresse le plus, parce que je pense que défensivement avec l’arrivée dernièrement de Warmed, on est solide, devant on a les attaquants qui peuvent marquer à tout moment, c’est donc fondamentale de renforcer le milieu de terrain.

 

La première place du groupe I dans les qualifications pour la Coupe du Monde est-elle une source de pression pour vous ?

 

S.C : Non, il y’a pas de pression dans le sens que quand il y’a eu le tirage au sort, on était dans le chapeau 5, donc, personne ne nous attendait en tête du groupe après quatre journées. Les deux prochaines journées seront à domicile, c’est important, car jouer à Maluzini devant un stade plein, c’est l’enfer pour l’adversaire, nous on affronte les matches un par un sans penser trop à l’objectif final et il faut être raisonnable. Maintenant, il faut se fixer des limites dans les sens que l’équipe a gagné trois matches sur quatre. Nous sommes un peu comme des alpinistes, on ne regarde jamais au sommet, on pose pied après pied pour monter, step by step sans faire de bruit.

 

Comment prenez-vous vos décisions tactiques en tant que sélectionneur national, et comment gérez-vous les attentes du public ?

 

S.C : Un sélectionneur ne fera jamais l’unanimité, chaque supporter a ses joueurs préférés et sa vision des choses et l’entraineur a aussi la sienne. Tout ce qu’on fait, c’est d’être compétitif et de gagner des matches. Il y’a des aspects méconnus du grand public, par exemple, des joueurs qui reviennent avec des blessures, il faut savoir les ménager. Il y’en a certains qui n’ont pas assez d’autonomie, c’est pour ça, qu’on le fait pas démarrer au début de match. Après quand on fait des changements, c’est parce que l’équipe en a besoin, et la décision se prend en quelques secondes. Contre la Gambie, cela a très bien fonctionné, les joueurs ont fait une très bonne entrée. Par contre, cela a moins marché contre Madagascar, on souffrait beaucoup au milieu de terrain, je pensais qu’en mettant des attaquants, un qui attaque les espaces et un qui vient un peu plus en contre, on aurait réussi à trouver la faille, ça pas été le cas, cela fait partie des problématiques d’un entraineur d’une équipe nationale.

 

Quelle est votre approche pour les deux matchs à venir contre la Tunisie, que beaucoup considèrent comme cruciaux ?

 

S.C : C’est des matches très importants mais, pas décisifs. La Tunisie c’est une équipe qui a battu aussi bien la Gambie que Madagascar, fondamentalement, on a rien à perdre dans le sens que l’important est de finir dans les deux premiers. Pour l’instant, personne n’a fait de points contre la Tunisie, nous, notre objectif c’est d’en faire. C’est une équipe très expérimenté qui joue ses matches à domicile avec le soutien du public. C’est une équipe qui a de la qualité mais nous aussi, donc rendez-vous en octobre pour cette double confrontation qui n’est pas décisive dans le sens ou la qualification ne se décidera pas là.

 

Comment jugez-vous l’accompagnement du gouvernement et de la fédération dans votre mission ? S.C:

 

L’engagement aussi bien du gouvernement que de la fédération est absolument total. Quand il y’a des regroupements tout est organisé, planifié et pensé pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Que ce soit dans le choix des hôtels, du transport ou des équipements sportifs. Même les joueurs le disent, et on a des joueurs de ligue 1 qui sont habitués à voyager avec les clubs, ils le soulignent, ils s’attendaient a quelque chose de différent alors que c’est organisé de façon professionnelle. C’est des efforts incroyables que font le gouvernement et la fédération. Il y’a des efforts considérables qui sont consenties et on est conscients que le pays traversent une phase difficile au niveau économique avec des gens qui souffrent et comme on est des privilégiés à faire de notre passion un métier il faut qu’on ait toujours le respect pour le pays pour le peuple.

 

Quel est le rôle de votre staff technique dans la gestion de l’équipe ?

 

S.C : Oui c’est sont les joueurs qui sont les principaux acteurs, qui jouent et qui gagnent les matches. On a la chance d’avoir un staff extraordinaire qui travaille avec passion avec une conviction énorme qui travaille des heures de travail. Que ce soit au niveau des gens qui s’occupent des équipements sportifs, parfois ils passent la nuit entière à floquer les maillots, préparer le matériel à se préoccuper des tailles des numéros, c’est un travail énorme.

 

Il y’a aussi ceux qui travaillent dans la logistique sur les itinéraires des joueurs. Prenez l’exemple d’un joueur qui joue en Hollande que vous devez remmener au Maroc pour jouer un match, il faut s’occuper des convocations, des prés-convocations, les billets d’avions, le chercher à l’aéroport, ce n’est pas les même horaires d’arrivées, c’est une grosse organisation, une grosse machine. Avec le team-manager Momo qui fait un travail remarquable et le staff technique qui est sur le terrain qui fait un travail vraiment important. Je suis vraiment content et fière d’être le responsable du staff technique, parce qu’à la fin c’est la passion qui motive. C’est l’envi de faire quelque chose d’extraordinaire pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Je remercie le staff car, si les joueurs sont dans les meilleures conditions, c’est parce que tout le monde intervient, le kiné, le docteur, d’ailleurs avec ce dernier, nous avons mis en place un programme sur la nutrition des joueurs.

 

Que pouvez-vous nous dire de l’engagement des supporters des Cœlacanthes et de leur soutien à l’équipe ?

 

S.C : On a la chance d’avoir des supporters qui sont amoureux de leur équipe, ce n’est pas la peine de parler d’autre équipes comme Manchester City, Bayern, PSG, pour eux, ils sont toujours pour les Comores. Ça c’est quelque chose d’extraordinaire je l’ai senti quand j’ai signé mon contrat j’ai senti la chaleur humaine qui avait autour de l’équipe et l’engouement. Quand on a vécu les matches à Maluzini, c’est quelque chose qu’on ne peut jamais oublier, même avant le match quand les joueurs sont dans le bus, c’est pour cela qu’on voudrait faire plus pour eux et je comprends parfois s’ils sont déçus quand on n’a pas gagné le match. Maintenant, c’est aussi un public intelligent qui comprend bien qu’on a une équipe jeune qui est en train d’être formé et qu’on est en plein renouveau

 

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23/09/2024
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