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Rand, CFA, naira… Un « effet Trump » est-il à craindre sur les marchés africains ?

Les monnaies et marchés africains décrochent légèrement face au dollar ce mercredi 6 novembre après l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Les investisseurs craignent une situation floue plus qu’un réel abandon du continent par la première puissance mondiale.

 

Le rand : -1,83 % ; le naira : -0,89 % ; la livre égyptienne : -0,1 %, le franc CFA (Xof et Xaf) : -1,73 %. Même tendance à la baisse à la mi-journée pour les marchés sud-africain, nigérian, égyptien et de l’UEMOA correspondant (à noter que ce mercredi 6 novembre est férié au Maroc). L’élection de Donald Trump aux États-Unis semble fragiliser les monnaies et refroidir les investisseurs des principales régions d’Afrique, qui auraient sans doute préféré un nouveau mandat démocrate. En corollaire, le dollar a atteint, lui, son plus haut niveau depuis huit ans et l’époque du Brexit.

 

« Les marchés sont tous interconnectés, c’est normal que les bourses africaines réagissent à cette élection. Mais, pour voir s’il y a un véritable « effet Trump » ici, il faudra analyser à plus long terme le marché des matières premières : pétrole, cacao, huile de palme… », temporise Axel Yann Plei, analyste financier à Everest capital. Mercredi 6 novembre après-midi, le cours du Brent perdait 1,89 % et le cacao était à 1,05 %.

 

« Il est intéressant de noter qu’en Afrique du Sud, symbole des marchés émergents en Afrique, la monnaie n’a pas tant baissé. En 2016, le rand avait perdu 9,4 % en quatre jours après la première élection de Donald Trump, rappelle Charlie Robertson, responsable de la stratégie macroéconomique de FIM Partners, un gestionnaire d’actifs londonien axé sur les marchés émergents. Cette fois, les marchés savaient que l’élection était serrée. Ils s’y étaient préparés. »

 

Les pays craignent avant tout une très forte hausse des tarifs douaniers, comme l’a promis le candidat Trump – ce qu’il avait déjà fait lors de son premier passage à la Maison blanche (2017-2021). Les États producteurs de pétrole anticipent une hausse de la production d’or noir aux États-Unis, et donc une baisse de leur débouché, tant le futur 47e président américain est obsédé par l’indépendance énergétique. Lors de son discours de victoire ce matin, il a d’ailleurs répété l’un de ses slogans de campagne : « Drill, baby, drill ! » (« Fore, bébé, fore).

 

La fin de l’exportation sans frais de douane ?

 

Mais le principal motif d’inquiétude concerne le sort de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA). Le texte permet à 32 pays subsahariens d’exporter aux États-Unis, sans droit de douane, quelque 6 800 produits. En 2023, les pays membres avaient exporté pour 28,6 milliards de dollars de marchandises aux USA, contre 14,5 milliards de dollars d’exportation. Voté en 2000, reconduit en 2015, le texte doit prendre fin l’an prochain. Donald Trump le reconduira-t-il ?

 

« À ce stade, rien n’est clair. Donald Trump n’a pas fait de déclaration concernant le futur de l’AGOA. L’Afrique du Sud [un des principaux bénéficiaires de l’AGOA] est dans l’expectative, par exemple. Ses positions dans les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient pourraient compliquer ses relations avec Trump. Mais Trump a aussi affirmé sa solidarité avec l’aile droite du parlement [Democratic Alliance, allié au gouvernement depuis cet été]. Je ne pense pas que le pays sera sanctionné par l’administration Trump. Mais, ce qui est sûr, c’est que cette élection aura un impact sur le commerce mondial, et donc en Afrique », analyse à chaud Stuart Theobald, PDG de Krutham, cabinet conseils sud-africain. Charlie Robertson envisage même un retour de l’Ouganda (exclu pour ses lois anti LGBT) et de l’Éthiopie (exclu pour des violations des droits humains durant la guerre du Tigré) dans l’AGOA grâce à un Trump moins regardant sur le respect des droits humains.

 

L’emballement du dollar pourrait ne pas durer, car Donald Trump lui-même pourrait vouloir une devise raisonnable pour booster les exportations, son autre cheval de bataille. « Les Russes inquiètent une partie de l’Afrique. La Chine investit moins ici. Les États-Unis n’ont pas intérêt à déserter le continent. Il y a département Afrique à Washington qui saura le raisonner », veut croire l’expert financier tunisien Bassem Ennaifer.

 

www.jeuneafrique.com

 



08/11/2024
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