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Manifestation contre l'Opération Place nette: Mayotte est Comorienne

Opposée à l’opération «Mayotte place nette», une quinzaine de personnes est venue se rassembler hier matin dans les jardins de la préfecture, à Saint-Denis. Selon elles, l’île de Mayotte n’est pas française mais comorienne.

 

Un collectif de sympathisants comoriens appelé «Uwamousnu» s’est retrouvé hier matin pour parler de la situation mahoraise. Trois points étaient à l’ordre du jour.

 

Ces Comoriens et ces Réunionnais se disent contre l’opération menée par le ministère de l’Intérieur français dénommé «Mayotte place nette». «Cette appellation est très mal choisie. Dans l’hexagone, à Marseille par exemple, il s’agit de faire la chasse aux vendeurs de drogue. Or, à Mayotte, on veut faire partir des Comoriens soi-disant clandestins. Selon nous, ce n’est pas en envoyant davantage de forces de l’ordre qu’on va régler le problème. »

 

« Erreurs politiques »

 

«C’est juste une opération de comm’ de la part de Gérald Darmanin avant les élections européennes. Avant le visa Balladur, il y avait une libre circulation des personnes entre les quatre îles. La principale conséquence de ce Wuambushu 2, c’est que des enfants, des mineurs vont devoir grandir sans leurs parents. L’État français n’a pas pris ses responsabilités. On est face à une succession d’erreurs politiques», explique le leader du mouvement qui préfère garder l’anonymat.

 

Le deuxième point est une prise de position radicale contre la situation politique : «Nous disons stop au gouvernement néocolonial et dictatorial d’Azali Assoumani (le président de l’Union des Comores)».

 

Le troisième point est probablement le plus important pour notre île de la Réunion : «Stop à la montée du racisme et à la stigmatisation contre la population comorienne». En favorisant des ghettos urbains à Saint-André ou à Saint-Benoît, les élus réunionnais n’ont pas facilité le vivre-ensemble péi. Selon ces manifestants, il ne fallait pas «entasser» les Comoriens et les Mahorais dans ce type de logements où il n’y a aucun service public créant ainsi des discriminations. «Selon moi, Mayotte est comorienne. Il y a quarante ans, il n’y avait que 25 000 habitants à Mayotte. Aujourd’hui, on en dénombre 450 000 dont 60 % de Comoriens. Sur 50 ans, la politique d’immigration est un échec. Les Comoriens sont en passe de gagner cette guerre qui n’a pas de nom. Les Mahorais ne se sont jamais investis à l’endroit où ils ont été déplacés. Cela se vérifie à La Réunion. Quand il faut s’engager, ils font preuve de réticence. Les trois îles des Comores vivent sereinement et vivent dans la paix. Mayotte est Comorienne et le restera à jamais», explique pour sa part Kassim M’Bae, qui demande aux maires du Département réunionnais de rencontrer les responsables comoriens basés à La Réunion pour apaiser les tensions.

 

Le risque de la guerre civile

 

Philippe Azéma, ancien enseignant, figure du mouvement social réunionnais ajoute : «les deux opérations Wuambushu créent des haines féroces entre les habitants de Mayotte. On sent bien que le ministre de l’Intérieur français est incapable de se projeter dans l’avenir. Il prend un risque considérable qui pourrait déboucher sur une guerre civile». Un autre Comorien qui ne souhaite pas dévoiler son identité conclut : «le problème est qu’on monte les Comoriens basés à La Réunion contre les Réunionnais. La solution serait de mettre en place un état de droit dans l’Union des Comores pour que les Comoriens exilés ici puissent rentrer chez eux».

 

https://www.lequotidien.re

 



22/04/2024
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