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Lesilecomores

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Les Malgaches veulent donner des leçons de journalisme aux Comoriens

Les derniers jours ont été marqués par une forte polémique dans les relations entre Madagascar et les Comores. Le Président comorien Azali Assoumani avait refusé de recevoir le chef de la diplomatie malgache, Rasata Rafaravavitafika. Un des sujets que la Ministre voulait apparemment mettre sur la table était la restitution de 49 kilos d’or malgache saisis aux Comores en décembre 2021. La Gazette des Comores affirme que les négociateurs malgaches travaillant sur ce dossier avaient soutenu cette demande sous prétexte que l’or appartenait à Rodolphe Razakandisa, le beau-père du Chef de l’État malgache. De là s’est ensuivi un démenti de l’intéressé, appuyé par une campagne menée sur les réseaux sociaux par les soutiens du pouvoir en place, de la directrice de la communication de la Présidence Mercedes Ratsirahonana jusqu’aux habituels comptes fake qui défendent le régime. La Ministre de la culture et de la communication de Madagascar Volamiranty Donna Mara s’est même fendue d’une lettre donnant des leçons de journalisme à la Gazette des Comores.

 

Dans le contexte immédiat de cette montée de tension, il y a eu l’interdiction donnée le 16 octobre dernier au bateau Acadie provenant de Mutsamudu d’accoster à Majunga, sous prétexte de mesure de précaution contre le choléra présent aux Comores. La décision a vexé Moroni, qui la considère unilatérale et injustifiée. Mais cette affaire n’est en réalité qu’un énième épisode des relations tendues entre les deux pays. Il y a deux ans, Madagascar avait déjà suspendu les liaisons aériennes entre les deux pays, qui ne sont toujours pas rétablies à ce jour.

 

Mais surtout, on se souvient de la fanfaronnade honteuse d’Andry Rajoelina pendant la campagne électorale de 2018, lorsqu’il affirmait que grâce à lui, le niveau de développement de Madagascar allait être tel que nous allions même aider les Comores. Les Comoriens se sont bien gardés de répliquer à cet affront, mais après le passage du cyclone Batsirai en 2022, ils ont offert une aide financière de 150.000 dollars aux Malgaches. Une réponse de classe, et une gifle diplomatique pour ceux qui parlent beaucoup sans réfléchir un peu.

 

Une condescendance latente envers les Comoriens

 

Cette bravade de Rajoelina était ridicule, et démontrait encore une fois sa propension à parler sans la nécessaire réflexion et dignité, et surtout sans un minimum de connaissances et de culture générales. Depuis 1980, le PIB/habitant des Comores a toujours été supérieur à celui de Madagascar, et en 2023, il était trois fois plus élevé ($1587) que celui de Madagascar ($528).

 

En réalité, cette déclaration de Rajoelina et le comportement du pouvoir reflètent une condescendance latente de beaucoup de Malgaches envers les Comoriens. Toutefois, depuis les années 70, les Comoriens ont évolué, et montrent au fil du temps qu’ils ont de moins en moins de leçons à recevoir de Madagascar. Outre la question du PIB/habitant évoquée ci-dessus, on rappelle que le président Azali Assoumani a pu se faire élire à la tête de l’Union africaine pour un mandat de 2023 à 2024, signe d’une diplomatie efficace. Pour le moment, le seul point sur lequel Madagascar égale les Comores est sur le plan des infrastructures de football : le stade de Maluzini est toujours non-homologué par la Fifa, tout comme le fameux stade Barea manara-penitra. On verra dans les prochaines semaines jusqu’où cette montée de tension va aller, d’ici le sommet de la Commission de l’océan indien à Antananarivo en décembre prochain.

 

On verra donc si le chef de la Françafrique va réussir à siffler la fin de la récréation, et si le président des Français va amener le président français des Malgaches à rechercher l’apaisement. D’ici là, on attend avec intérêt et curiosité que la Gazette des Comores publie les preuves qu’elle affirme détenir dans cette question des lingots d’or. La population malgache doit en effet s’habituer à apprendre la vérité sur son pays en-dehors de ses frontières, comme pour l’affaire Romy Voos lorsqu’elle fut arrêtée à Londres. En effet, s’il fallait juste se cantonner aux belles paroles de nos dirigeants, ils seraient tous des modèles de vertu, de compétence et de patriotisme. Mais tout ce qui brille n’est pas or, contrairement aux lingots.

 

Dans un État de droit de plus en plus tordu, les autorités malgaches usent et abusent des prérogatives de force publique à l’intérieur de leurs frontières pour faire taire les opposants, lanceurs d’alerte et médias récalcitrants. Elles ont donc réussi sous des prétextes fallacieux à fermer définitivement la Gazette de la grande île, coupable d’avoir révélé la nationalité française du président malgache. En menant sans sourciller et sans se laisser intimider son enquête sur cette affaire des 49 kilos d’or, la Gazette des Comores venge son homonyme malgache. Mais contrairement à son homologue malgache, celle de la petite île n’a que faire des tendances autocratiques d’Antananarivo.

 

www.madagascar-tribune.com

 



31/10/2024
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