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Comores : l’irrésistible ascension de Nour el-Fath Azali, fils de son président de père

Depuis qu’il est secrétaire général du gouvernement, le fils aîné d’Azali Assoumani dispose de prérogatives très étendues, ainsi que de relais au sein du gouvernement et du parti au pouvoir. Une influence qui fait grincer des dents à Moroni.

 

Sa soudaine ascension n’est pas passé inaperçue. Elle n’a pas non plus fait que des heureux. Le 1er juillet, Nour el-Fath Azali, fils aîné d’Azali Assoumani, le président de l’Union des Comores, a été nommé secrétaire général du gouvernement. Des fonctions jusque-là essentiellement administratives, mais dont le périmètre a été largement étendu, le 6 août, par décret.

 

À tout juste 40 ans, Nour el-Fath Azali est dorénavant en position d’évaluer l’action du gouvernement et a son mot à dire sur le choix des gouverneurs des trois îles. Il peut se mêler de domaines aussi variés que l’économie, le social, les transports, la souveraineté énergétique ou les affaires étrangères. Pour beaucoup, à Moroni, il passe pour un Premier ministre bis.

 

D’Eximbank à la politique

 

Si ses proches s’accordent à dire que l’influence qu’il a acquise « ne tombe pas du ciel », force est de constater qu’elle vient directement du palais de Beit-Salam, qu’Azali Assoumani occupe sans discontinuer depuis 2016. Depuis qu’il a démissionné de son poste de directeur du département audit d’Eximbank, en 2018, Nour el-Fath ne s’est guère éloigné de son président de père.

 

Il a fait ses premières armes en politique en 2019. Chargé des finances et de la logistique de la campagne électorale que mène alors Azali Assoumani, il est nommé conseiller privé à la Présidence une fois son père réélu. Une ascension qu’il doit également à celui qui passe pour son mentor : Youssoufa Mohamed Ali, secrétaire national de la Convention pour le renouveau des Comores (CRC), le parti présidentiel. « C’est nous qui avons convaincu le chef de l’État qu’il fallait l’intégrer à nos équipes », admet aujourd’hui Youssoufa Mohamed Ali, qui est également le directeur de cabinet d’Azali Assoumani.

 

Pour lui, aucun doute : Nour el-Fath Azali est à la place où il doit être « au regard de ses nombreuses réalisations ». Le regain de dynamisme du parti serait ainsi à mettre à son crédit. « Sans lui, la CRC ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui », insiste Youssoufa Mohamed Ali, qui, aux commandes du mouvement, s’est longtemps considéré comme « un général sans armée ». À l’en croire, l’arrivée de Nour el-Fath a également permis de gonfler les effectifs.

 

« Nous sommes passés de 9 000 à 32 000 adhérents », affirme-t-il. « Nour el-Fath Azali a su rassembler la jeunesse autour de sa personne », renchérit Ibrahim Mohamed Abdourazak, le nouveau ministre des Finances. « La position qu’il occupe est tout à fait légitime », ajoute-t-il à l’adresse des détracteurs de l’intéressé, qui goûtent peu son influence croissante.

 

Rumeurs à Moroni

 

Les avis critiques sont à chercher du côté de ceux qui ont eu à croiser le fer avec Nour el-Fath Azali. Ministre des Finances entre 2016 et 2021, Saïd Ali Chayhane a été radié de la CRC (qu’il a pourtant cofondée) et limogé de son poste de directeur général de Comores Telecom en 2023 après avoir marqué trop ostensiblement son désaccord avec le fils du chef de l’État.

 

Le grand argentier a entraîné dans sa chute Oumara Mgomri, alors directeur de cabinet de la Présidence, et Abdallah Saïd Sarouma, le vice-président de l’Assemblée nationale. Un séisme politique pour le camp présidentiel, auquel s’est ajouté le remaniement complet du gouvernement en juillet dernier. Réélu, en janvier 2024, au terme d’un scrutin très contesté, Azali Assoumani a fait le vide autour de lui pour s’entourer de ministres généralement jeunes. « Le président a besoin de s’appuyer sur un homme de confiance, et il a choisi son fils », résume l’opposant Fahmi Saïd Ibrahim.

 

Une stratégie qui aurait le mérite « d’injecter du sang neuf », assure Youssoufa Mohamed Ali. Et même si Nour el-Fath Azali a déjà placé plusieurs de ses proches dans les ministères, le patron de la CRC se refuse à lui prêter la moindre ambition présidentielle. Interrogé sur ce point, Nour el-Fath confirme : « Il faut respecter la Constitution. Selon le principe de la présidence tournante, le prochain chef de l’État comorien doit être originaire d’Anjouan. »

 

Tout reste néanmoins possible dans un pays qui, depuis son indépendance, change de Constitution comme de veste. Élu en 2016 pour un seul quinquennat, Azali Assoumani n’avait pas hésité, deux ans plus tard, à modifier les textes, ce qui lui a permis d’asseoir son pouvoir jusqu’en 2029. La Loi fondamentale sera-t-elle de nouveau réformée d’ici à 2029 ? Faut-il y voir les prémices d’une succession familiale ? À Moroni, déjà, les rumeurs vont bon train.

 

source:al-watwan.net

 



09/09/2024
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